JUNE 2021

JULES DUMOULIN RAPHAEL SITBON

«ISTHME, UN LIVRE DÉPASSE DE TA POCHE», Une exposition de Jules Dumoulin et Raphaël Sitbon, avec un texte de Liza Maignan


Vernissage 5 juin 2021 - 14h > 21 h

puis du 6 au 18 juin 2021 sur rendez-vous


Discours d’ambiance sur la rive de la durée. 

Motif d’une rencontre : un livre dépasse de ta poche, assis dans un labyrinthe de plantes en-bétonnées, boots aux pieds, ça transpire l’amitié.
Vestige d’une rue déjà oubliée, c’est un isthme 

entre deux murs en verre érigés : la réciprocité. Le dehors te traverse, et t’embrume. 

On vadrouille en poursuivant nos intuitions, obsessions orientées : on se heurte aux objets. Machinerie des fluides, il cuisine des ellipses Fusion 45 = elle fond 

Fusion 1000 = elle te remplace et nous fige
Alliage de corps simples à la carnation métallique. Scellées : fragiles et invulnérables.
Collision de l’échec et du fantasme de la modernité. L’expression de nos gueules cachées,
s’essouffle sous nos armures.
On suce l’aile et la carcasse jusqu’à en oublier
le goût du sang
dans nos bouches. 

Shit ! I feel trap in a novel 

On s’enfonce dans des architectures pluggées. Dissonances de la ville qui s’élève,
de façades immobiles et vivantes :
elles recollent un à un des fragments de voix. Sous les serres en tôles noires, 

demeures des affects sans gouvernance, on s’allonge en bas relief. 

Ça chauffe dans les usines automobiles.
La langue molle de bitume goûte nos pas.
On enfouit le temps dans la matière brute et muette : Elle tire sa substance de la terre.
Elle vit, elle respire, elle “travaille”.
Vision réciproque : nostalgie affective,
dans l’essence des formes.
Liaison naturelle entre l’esprit et le verbe :
les fantômes de la ponctuation dialoguent. 

Elle flotte, imprègne les nervures,
se répand à travers les lucarnes et les serrures.
Les amphores au pied court oscillent,
les pétales explosées,
font des ronds de fumée bleue.
Elle dort entre les tables des bistrots,
dans la lueur cotonneuse d’un lampadaire,
quand aucun regard humain ne vient la chercher.
Une parole informulée, manifeste la présence du silence : ta liberté. 

Re-imagine yourself in the face of rejection and failure. 

Should I feel more poetic ?
On invente un espace de sens qui n’existait pas auparavant,
le vocabulaire tissé dans le trouble des humeurs,
embaumé par une averse sur le béton chaud en été (pétrichor). Pourquoi y’a pas de mot pour l’odeur des riches,
ou l’humidité dans les caves ? 

Liza Maignan

Photos : objets_pointus

JULES DUMOULIN, RAPHAEL SITBON